dimanche 17 mai 2015

17 mai, journée mondiale contre les LGBTphobie, mon témoignage

[Trigger Warning: violences homophobes]

Bonjour,

Aujourd'hui, 17 mai, c'est la journée mondiale contre l'homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie.

Et je viens de voir la vidéo que Pouhiou a réalisé à cette occasion "le silence tue".


Alors j'ai décider, comme il nous y invite, de prendre la parole, de donner mon témoignage.

Je m'appelle Florent, j'ai 35ans et je suis bisexuel.
Être bisexuel cela veut dire que je peux aussi bien être attiré sexuellement ou romantiquement par une femme ou par un homme.
Et non, cela ne veut pas dire que ma sexualité passe systématiquement par des plans à trois ou que je papillonne d'un partenaire à l'autre comme une abeille au printemps. Je fonctionne exactement de la même façon que toi ami hétéro, sauf qu'en regardant Avengers 2 je fantasme autant sur Scarlett Johansson que sur Chris Hemsworth.



La prise de conscience de ma bisexualité est assez tardive. Pendant toute mon adolescence et une partie de ma vie d'adulte, j'ai cru que j'étais un gay qui ne s'assumais pas (car quand même attiré par des femmes). Mon environnement a toujours été binaire, sois t'aime les femmes, sois tu aime les hommes (et tu es un pervers).
Et cette perversité on me l'a bien fait comprendre quand j'étais au collège.
Insultes, crachats et coups étaient courant, aussi bien de la part de garçons que de filles, parceque je n'étais pas sportif, pas en quête de virilité, qu'on avais surpris un regard trop insistant sur un autre garçon, 
Une prof a essayé d'alerter mon père. Sa seule réponse à été, une fois rentré à la maison, de ne pas lui faire honte, de me défendre, QU'IL N'AVAIT PAS ÉLEVÉ UNE PÉDALE!
"Pédale" mon père, l'homme que j'aimais et estimais le plus venais d'utiliser le même mot que mes tortionnaires, le même mot soufflé à mon oreille quand ils me croisaient dans l'escalier avant de me donner un coup dans les côtes, le même mot qu'ils m'ont craché à la gueule le jour où ils ont foutu le feu à mes cheveux!
Alors j'ai serré les dents et j'ai tenté de me faire le plus discret possible, en me détestant, et j'ai survécu grâce à une poignée d'amis et à une documentaliste qui m'a permis d'ouvrir un club de JDR et de me réfugier au CDI afin d'échapper à la cour de récré, terrain hostile.

Moi à l'adolescence, allégorie.
C'est grâce à internet que j'ai pu commencer à m'accepter, d'abord en comprenant que l'homosexualité n'était pas quelque chose de malsain (youhou je ne suis pas un monstre!) puis en découvrant l'existence de la bisexualité (youhou, je ne suis pas un hypocrite qui n'assume pas son homosexualité en fait).
Mais cela ne veut pas dire que tout est rose non plus, si désormais je vis mieux avec moi même, ce n'est pas le cas du monde.
Je fais toujours face à l'homophobie si je tiens la main de mon copain dans la rue, mais j'ai aussi droit à de la biphobie, des homos qui me sortent que je suis un traître car je n'assume pas mon homosexualité ou les gens qui s'imagine que j'essaie de coucher avec tout ce qui bouge.

Alors oui, désormais je suis chiant, je veux plus de diversité dans mes médias, je veux des gays, lesbiennes, bi trans, black, arabes, asiat et des femmes qui ne ressemblent pas à des tops modèles dans mes jeux vidéo, mes films, mes séries, mes BD, PARTOUT!
Parce que s'il y avait eu des personnages bisexuels dans les médias quand j'étais enfants, j'aurais peux être pas passé 25 ans de ma vie à me poser des questions et à me détester. Parce que si on proposait des alternatives à la virilité classique, des gamins de 14 ans n'auraient peut-être pas essayé de me faire cramer et les profs n'aurais pas trouvé qu'il s'agissait juste d'une blague qui est allé un peu trop loin.

Et oui, je suis chiant aussi sur les insultes comme pédale, pédé ou enculé, parce que ce qu'un(e) hétéro ne comprendra jamais, c'est que quand quelqu'un les prononce, cela vous renvoi à ce jour où on à chercher à vous buter, qu'on vous a roué de coups et qu'on vous a craché dessus en prononçant ces insultes.

Et je continuerais à être chiant, chaque jour, parce que je suis encore en vie et je compte continuer à l'être, sans avoir honte de ce que je suis!

Moi, face à l'univers!

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